dimanche 22 septembre 2013

Honduras, Liberté pour Bertha Isabel Caceres du COPINH

Non à la criminalisation 
des populations Lenca 

Et application des droits internationaux 
des peuples autochtones à la consultation

Par Libres Amériques

« Pourquoi la justice hondurienne condamne les gens qui défendent ses ressources naturelles ? ».  C’est la question que pose Gustavo, frère de Bertha Isabel Caceres, coordinatrice du Conseil Citoyen des Organisations des Peuples Amérindiens du Honduras (COPINH sigle en espagnol). Bertha a été mise en prison préventive lors d’une audience qui s’est déroulée vendredi 20 août 2013 devant les tribunaux de la ville d’Esperanza. Et comme l’avait manifesté un récent communiqué d’Amnesty International France, cette condamnation devient un délit d’opinion manifeste et plus largement une atteinte aux droits des défenseurs de l’environnement et des peuples originaires du Honduras.

Pendant que se déroulait l’audience, à l‘extérieur du tribunal des centaines de personnes ont protesté et manifesté leur soutien et leur solidarité avec Bertha Caceres et aux deux autres dirigeants, Aureliano Molina et Tomás Gómez Membreño, auxquels il a été ordonné des mesures substitutives.

A la connaissance des résultats de l’audience, l’indignation n’en a été que plus forte au sein des organisations et des manifestants venus soutenir Bertha Caceres et les autres responsables.

Rapidement, les activistes présents se sont déclarés en mobilisation permanente pour exiger la liberté de la coordinatrice de la COPINH et ils ont prévenu qu’ils continueraient à défendre les ressources naturelles en rapport avec la rivière Gualcarque, tout en condamnant le projet hydroélectrique « Agua Zarca » et tous les projets touchant la population locale.

«  Je demande à la communauté internationale de nous aider à faire appliquer les instruments légaux que nous avons en tant que peuples originaires », a souligné Gustavo Caceres.

Les accusations

Bertha Cáceres, Aureliano Molina y Tomás Gómez Membreño ont été accusés par le tribunal de Première instance du département d’Intubucá, pour délit d’usurpation, de contraintes et divers dommages contre l’entreprise DESA (Développement Hydroélectrique), qui réalise le projet énergétique « Agua Zarca », situé dans le hameau de Rio Blanco.

Selon le ministère public, les accusés seraient les auteurs intellectuels ayant induit les habitants de la zone à provoquer des dommages matériels à l’entreprise DESA, ils seraient de plus de 3 millions de dollars (environ 2,5 millions d’euros) ou 67 millions de lempiras, selon les éléments présentés par les parties civiles.

Des cadres dirigeants de l'entreprise DESA ont accusé les habitants de détruire l'infrastructure, où fonctionne le projet : des maisons, des baraquements, des générateurs et des machines auraient été incendiés, allant jusqu'à empêcher le paiement du salaire du personnel travaillant sur le site, et aussi de quelques conseillers étrangers.

Comme preuves, le Ministère Public (l’accusation) a présenté une plainte déposée pas le maire Monsieur Martiniano Domínguez, et par le mandataire légal de l’entreprise DESA ; Madame Carolina Castilllo, ils ont joint des vidéos et des photos sur les dommages causés  sur le site où se réalise le projet hydroélectrique « Agua Zarca ». 

La population s’y oppose

Le hameau de Rio Blanco est composé d’une communauté amérindienne Lenca, cette dernière à décider de s’interposer face au projet hydroélectrique. « La décision a été prise au sein de la communauté depuis le 1er avril de cette année (2013), parce que nous nous refusons de quitter la rivière Gualcarque, où les animaux s’abreuvent et sur  les terrains où nous plantons les aliments de nos familles. » a déclaré Adelaida Sánchez, une habitante de cette localité.

Marcellina une autre habitante faisant de la résistance dans la zone, affirme que l’entreprise à couper des centaines d’arbres que le peuple a protégé une vie durant et que les habitants ne peuvent plus se baigner dans une rivière qui détient une valeur spirituelle pour la population.

Selon ce qui a pu être constaté à travers un communique du COPINH, le contrôle des routes fait parti d’un processus de consultation de plus de 40 assemblées autochtones, où il a été réaffirmé un rejet du dit projet, des entreprises DESA, SINOHYDRO et l’allemande Volth Hydro, ainsi que la militarisation de la région mise en place par le gouvernement et la persécution judiciaire et politique contre des responsables du COPINH.

Des entreprises bafouent les droits humains

Sino-Hydro est une entreprise transnationale de la Chine continentale, et une des principales au niveau mondial concernant l’installation de projets hydroélectrique  et l’extraction de minerais, elle a été sanctionnée et suspendue ses projets dans différents pays pour violation des droits des travailleurs et droits des peuples autochtones en Equateur, au Venezuela, en Ethiopie et au Soudan, entre autres.

Les entreprises DESA et Sino-Hydro sont responsables des violations systématiques aux droits humains des personnes et au territoire ancestral du peuple Lenca, malgré les engagements souscrits par de l’entreprise Sino-Hydro et les obligations légales prenant en compte le respect des droits des peuples originaires et l’environnement, selon la déclaration de l’ONU sur les droits de consultation libre et informée des peuples autochtones.

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